MARCELLU TORRACINTA, MAIRE , DISCOURS D'ACCUEIL
Le temps de lire se pose un instant sur Santa Riparata et nous en sommes comblés. Comme d’autres villages de notre Corse nous accueillons certes une remise de prix, mais surtout nous voulons souligner l’essentiel. L’essence du travail de ces femmes et de ces hommes qui ont choisi de faire trace et symbole en ces temps de vécu social aussi virtuel qu’éphémère.
L’écrit de nos auteurs fait témoignage, interprétation, voire sublimation de notre réalité Corse. Il pose la question de l’humain, de son regard sur son temps, qui ouvre pour chacun le possible pas de côté, respiration nécessaire dans un quotidien plus souvent subi que choisi.
Quel lieu plus symbolique que la « Casa Fratelli Vincenti », pour accueillir l’ouvrage de Ghjilormu Padovani qui met à l’honneur « l’Alba di u Cantu » en contrepoint de l’œuvre éternelle, poétique et musicale de nos chers François et Domì. Cet ouvrage nous offre un indispensable regard sur la richesse musicale de notre société insulaire.
Soulignons également le récit de Francesca Serra « Elle a menti pour ailes », aussi superbe que tragique par l’intrusion du paradoxe de la modernité, avec la perversion du lien qu’elle serait censée renforcer. Une réalité en forme de fiction qui témoigne de la libération d’instincts archaïques et de prédation sur l’autre, dans l’illusoire confort du virtuel.
La jeunesse de Kevin Petroni nous offre la richesse de son travail universitaire. Il pose la question de la trace de notre passé vécu ou fantasmé en but à la société corse d’aujourd’hui, dans les ambivalences de sa modernité. L’auteur pose les bases d’une réflexion passerelle, entre société traditionnelle et complexité du monde moderne. Des ressorts du renoncement à l’incomplétude de nos choix, cette fresque sociale à fort heureusement dépassé l’audience du monde universitaire.
Enfin, je voudrais remercier l’ensemble des membres du jury et plus particulièrement Jocelyne Casta, pour l’honneur qui est fait à notre village, mais surtout pour cet engagement dans la mise en valeur et la promotion de notre belle littérature. Souhaitons une longue vie à cette belle manifestation du prix du livre corse.
JOCELYNE CASTA, PRESIDENTE DU JURY DU PRIX DU LIVRE CORSE
Le Jury du Prix du Livre corse a choisi Santa Riparata di Balagna, village pittoresque offrant un panorama unique sur la vallée du Reginu, pour récompenser les lauréats de la 37e édition. Jadis fief médiéval d’Ugo, premier marquis de Massa, Santa Riparata tient son nom de la martyre chrétienne, et prospère aujourd’hui sous l’égide de son maire Marcel Torracinta, que le jury tient à remercier chaleureusement, ainsi que sa deuxième adjointe Jeanne Marçon Vincentelli, cheville ouvrière de notre cérémonie de remise des prix.
Des invasions barbaresques aux révoltes contre Gênes, Santa Riparata a connu bien des tumultes, mais elle a su tirer parti d’une terre fertile, favorisant l’olivier et la vigne. Une figure du village a marqué l’histoire, celle du chanoine Erasme Orticoni, prêchant pour une solution diplomatique lors du conflit avec Gênes.
Les enfants du pays font vibrer avec talent les guitares de la corsitude. Auteurs, compositeurs et interprètes, Dominique et François Vincenti, traduisent la déshérence et les aspirations de la société corse de Casa antica à Chi fa. Fanou et Nico Torracinta, jeunes virtuoses de la guitare, imposent leur style dans l’univers du jazz pour l’un, du blues et la pop pour l’’autre.
Les chansons aussi ont leur histoire que Ghjilormu Padovani nous révèle avec « À l’alba di u cantu, » ouvrage primé dans la catégorie langue corse. Avec son roman « Elle a menti pour les ailes, » Francesca Serra apporte une touche 2.0 au portrait enlevé d’une jeunesse saisie du vertige des réseaux sociaux. La crise de notre société traditionnelle menacée par le mondialisme est bien analysée par Kevin Petroni, prix de l’essai avec « l’Adieu aux aspirations nationales. »
Le Jury du Prix du Livre corse est heureux de fêter la littérature en leur compagnie, magnifiant ainsi, de la chapelle A Nunziata à la tour de Palmentu, le cadre plaisant et naturel de Santa Riparata di Balagna,