Marie-Jean Vinciguerra: "A propos de Jean-François Roseau, La chute d'Icare, Folio, 2016, 432 pages"

La chute d’Icare de Jean-François Roseau- Destins croisés de deux héros tragiques

Exaltant la Geste de l’escadrille Normandie-Niemen et de son flamboyant capitaine corse, Albert Preziosi, le jeune écrivain de 26 ans, Jean-François Roseau, n’accomplit pas seulement un émouvant devoir de mémoire, il nous offre un récit polyphonique au phrasé étincelant, une fresque unanimiste tissée de mille faits vrais et de voix authentiques. Voix alternées d’une tragédie à l’antique. L’Histoire devient Epopée. Opéra protéique, ce roman de formation et d’initiation d’un jeune corse idéaliste et du futur Raïs, déploie progressivement les chroniques de guerre d’un reporter à la Malaparte, dans les décors changeants des théâtres d’opérations, des sables de Lybie aux ciels russes où le capitaine Preziosi va trouver la mort.

Albert Preziosi fut-il le père caché de Mouammar Kadhafi, le dictateur fou ? La légende est tenace. Au terme de leur ambitieuse ascension, les deux héros, le chevalier du ciel intransigeant sur le code de l’honneur et le bédouin, prophète inspiré, puis, égaré, punis de mort violente pour avoir défié le Soleil et bravé l’interdit, campent, désormais, dans le Mythe où ils ont rejoint Icare et l‘Ulysse de Dante. Le mystère de la paternité du Raïs reste entier. Seule certitude : un bel écrivain nous est né.