Message de remerciements
J’aurais tant aimé être des vôtres, aujourd’hui, dans le beau village de Serra di
Ferro ! Je félicite les lauréats et je leur suis reconnaissante, par leur langue et
leur imaginaire, de continuer à irriguer ce creuset qui nous a nourris. Se
souvenir, réinventer, la culture est autant une affaire de passé que d’avenir :
ses racines plongent profond tandis que ses feuillent tutoient les rêves.
J’aimerais croire que la littérature peut changer le monde, mais force est de
constater que ce n’est pas le cas. Peut-être le rend-elle plus supportable. Sans
nul doute peut-elle parfois, en nous interrogeant, nous rendre plus conscients,
nuancés, meilleurs.
Je suis très honorée que mon roman ait su vous toucher et j’en remercie les
membres du jury. Si je n’ai pas explicitement situé Ogliano en Corse, il en a
aspiré la sève, les espoirs, la lumière et les drames. Les thèmes qui sont
contenus dans ce roman que j’ai dédié à mes filles me sont chers, ils sont à
l’origine de mon désir d’écrire. Il y est question de liberté, de justice et
d’amour, avec en filigrane l’ombre portée de la violence. Celle que l’on subit en
silence, celle que l’on impose, celle que l’on considère à tort comme seule
échappatoire. Or, la violence est en soi un aveu d’échec, d’impuissance. S’il
s’agit d’en combattre les causes, il est tout aussi essentiel d’en refuser la
fatalité. Tout comme Argentu, le grand-père de Libero Solimane, narrateur de
ce roman, je crois que la vie d’un homme se résume à celle de ses choix : une
colonne pour le bon, une colonne pour le mauvais. Même si,
malheureusement, nous ne naissons pas tous avec la même possibilité de
choix, décider nous appartient. Nos décisions font de nous de ce que nous
sommes. Je crois fermement que la littérature peut nous éclairer : sur nous-
même comme sur les autres. Je vous remercie de la mettre aujourd’hui à
l’honneur en partageant ce moment de convivialité.
Amicizia.
Elena (Elena Piacentini)